Elise

 Elise

Septembre 2015

Le précédent témoignage sur Elise parlait de son entrée à l’école secondaire… C’est désormais du passé! Elise a terminé avec succès son école secondaire. 5.3 sur 6, belle moyenne. Malgré ces excellents résultats, nous n’avons pas trouvé d’apprentissage de fleuriste ou d’horticultrice. On nous a soufflé une solution : Qu’Elise suive les cours professionnels de fleuriste en tant qu’auditrice.  Nous n’attendons plus que le feu vert de l’AI pour qu’Elise puisse enfin commencer. Le reste de la semaine est axé sur l’autonomie tout en maintenant les acquis scolaires et ce dans le cadre d’une classe de l’école spécialisée des Perce-Neige.

La suite au prochain épisode?!

 

Novembre 2011
Voilà, une nouvelle étape vient d’être franchie pour notre fille : l’entrée à l’école secondaire ! On ne parle plus maintenant de «notre  petite Elise » : elle devient grande désormais !
Suite aux 2 premières années d’école primaire, Elise a continué à suivre sa scolarité à l’école de notre commune de Cortaillod. A partir de la 3ème primaire et jusqu’à la 5ème, Elise allait à Clos-Rousseau, (Centre Pédagogique à Cressier) deux jours et demi par semaine (lundi, mardi et mercredi matin) et elle suivait 8 périodes de cours à l’école primaire réparties entre le jeudi et le vendredi. Pendant les périodes à l’école primaire, elle était accompagnée par une éducatrice pour 4 périodes pendant lesquelles elle suivait les cours de maths et français et les 4 périodes restantes, Elise était seule en classe et participait avec ses camarades aux leçons de chant, dessin ou travaux manuels. En 3ème primaire, les classes ont été réparties autrement et elle s’est retrouvée séparée d’une partie de ses anciens copains pour se retrouver avec d’autres élèves. Ce changement ne l’a pas perturbée, au contraire elle a été très bien accueillie par ses nouveaux camarades et un nouveau cercle d’amis s’est formé autour d’elle. La plupart connaissaient d’ailleurs Elise puisqu’elle venait dans le collège depuis le début. Le changement d’enseignant est toujours un peu délicat et il est important de bien préparer une nouvelle rentrée scolaire et de discuter des objectifs relationnels et scolaires que nous souhaitons atteindre. La 4ème primaire ne fait pas exception et l’enseignant nous a fait plusieurs fois part de ses doutes et de ses interrogations concernant son rôle, Elise, son accompagnatrice, l’organisation du travail…avec au bout du compte, une merveilleuse expérience pour l’enseignant, Bernard Challandes, qui a suivi Elise en 4ème et 5ème. Voici quelques extraits du bilan qu’il a tiré de cette intégration.
Bernard Challandes , enseignant de 5ème primaire à Cortaillod
« Au terme de deux années d’intégration partielle dans sa classe de cortaillod, voilà le moment de faire un bilan sur les acquis scolaires et – plus important à mes yeux! – relationnels d’Elise. Du point de vue scolaire, et sans entrer dans les détails, tous les domaines abordés avec Elise au cours de ces deux années ont fait l’objet d’étonnement de ma part.
….
Son plaisir à venir à l’école, à se retrouver derrière la porte à attendre ma venue avec ses camarades me semble également augmenté. De même, les moments de récréation passés dans les cours ou en classe me semblent mieux partagés avec certains élèves de la classe.
Elle accepte, en effet, des situations interactives avec ses camarades qui ne sont plus toujours accompagnées de la bienveillance de l’adulte (dormir avec d’autres filles de la classe lors du camp de ski, suivre un groupe sur les pistes, manger à la même table que ses camarades, participer activement à la soirée de camp … ).

Ces expériences sont très bénéfiques à Elise et ne s’évaluent pas. Pourtant, je sens qu’elles lui apportent beaucoup et elle aime ces moments de partage avec les autres.

En conclusion, je trouve que, petit à petit, des choses se mettent en place et font qu’Elise progresse, à son rythme, certes, mais de manière constante. Rien que cela devrait nous convaincre qu’il faut poursuivre cet élan et lui amener, d’une manière ou d’une autre tout notre soutien pour renforcer encore cette progression vers le plus d’autonomie possible. »

Nous voici maintenant arrivés au terme de la scolarité primaire de notre fille, qui ne se serait pas aussi bien déroulée sans des enseignants motivés, une commission scolaire qui soutenait notre projet et la commune de Cortaillod qui a participé financièrement en offrant des heures de soutien à Elise.

L’intégration à l’école secondaire a représenté un autre défi ! Lorsque nous avons approché la direction du Centre Scolaire des Cerisiers de Gorgier où vont les élèves de Cortaillod au mois de septembre 2010 (soit une année avant l’entrée en 6ème  ou 8ème Harmos), ce ne fut pas évident. Plusieurs séances de préparation ont été nécessaires entre le collège, l’institution de Clos-Rousseau pour organiser aussi bien le soutien, les cours possibles, les récréations, les transports et j’en passe… car pour le collège, nous étions des « cobayes » ! C’est en effet la première fois que cette école secondaire allait accueillir un enfant autiste. La dernière séance eut lieu à la fin des vacances d’été 2011 où nous avons rencontré avec Elise les enseignantes et découvert la classe.
Evidemment, il faut savoir aussi être réaliste et pragmatique concernant ce que nous souhaitons atteindre comme objectifs pour notre fille : c’est pourquoi Elise a été intégrée en section transition, section qui regroupe les élèves de 6ème en difficultés scolaires. Ce niveau est aussi caractérisé par de plus petites classes, moins de changements de salles de cours, de professeurs et un rythme plus lent. La direction du centre scolaire avait aussi émis le souhait qu’Elise soit systématiquement accompagnée d’une auxiliaire de vie qui la suivrait pendant toutes les leçons. C’est une jeune étudiante en sciences sociales Laura, qui avait déjà accompagné Elise en 5ème primaire, qui s’est organisée dans ses horaires pour être disponible en début de semaine. En effet, le programme scolaire avait été adapté pour qu’Elise puisse suivre le français, les maths, le dessin les lundis et mardis. Dans un premier temps, Elise allait 6 périodes avec l’objectif de passer à 8 périodes si tout se déroulait bien. Aujourd’hui, 4 mois plus tard, nous avons même dépassé cet objectif puisqu’elle va à l’école 9 périodes par semaine !
Changement d’école signifie aussi changement de lieu, de copains et dans la classe d’Elise, seul un enfant la connaissait, tous les autres venant des communes avoisinantes. Pour que cette intégration se passe au mieux, il avait été convenu avec les enseignantes que je me rendrais en classe la 1ère semaine pour expliquer aux élèves ce qu’était l’autisme et ce que cela représentait dans la vie de tous les jours avec Elise. Les enfants semblaient intimidés mais étaient très attentifs et les maîtresses ont reconnu avoir appris quelques éléments de compréhension de ce handicap. La 3ème semaine avait lieu un camp d’accueil pour tous les élèves de 6ème. En accord avec la direction, Elise y a participé pendant 3 jours puisque la fin de semaine, elle allait à Clos-Rousseau. Elle était accompagnée par Laura qui avait pris congé pour se rendre disponible. Ce camp s’est merveilleusement bien passé et ce fut l’occasion pour Elise de se faire un cercle d’amies qui lui sont très attachées et qui l’entourent avec beaucoup d’attention.
Notre projet en souhaitant l’entrée d’Elise en 6ème était de réussir son intégration sociale et lui permettre d’être avec les enfants de son âge, les objectifs scolaires passant au second plan. Au vu des résultats scolaires de notre fille, c’est également devenu un nouvel objectif. En effet, Elise impressionne ses camarades, ses enseignantes et même nous par les notes qu’elle obtient !
Ainsi après 4 mois, le bilan que l’on peut en tirer, c’est une intégration totalement réussie tant du point de vue social que scolaire. Voici d’ailleurs le commentaire reçu par sa maîtresse de classe comme évaluation de mi-semestre.
Lauriane Vacher, maîtresse de classe de 8TR2
« Elise montre qu’elle a énormément de plaisir à partager ces moments d’intégration. Elle s’est fait des amis en classe qui le lui rendent bien. Son intelligence éblouit tous ses camarades. Elle aime participer et son travail de qualité est bien encadré par son auxiliaire Laura. Belle intégration! »

Mise à jour du témoignage au 20 mai 2008

Voici des nouvelles de notre petite Elise.

Notre témoignage s’était arrêté à la demande d’intégration à l’école enfantine de notre commune. Aujourd’hui, Elise a fait du chemin et a beaucoup changé.

L’intégration à l’école enfantine s’est mal passée. Malgré toute la préparation : contact avec la commission scolaire, discussion avec la future maîtresse, explication sur les comportements, cette intégration fut très difficile. Dès le départ, les 2 maîtresses se sont senties dépassées et ont remis en doute la possibilité d’intégrer Elise. Finalement, une éducatrice de son école spéciale s’est déplacée afin d’accompagner Elise dans son nouvel environnement et ainsi pouvoir la maintenir à l’école normale. En cours d’année, suite à un arrêt maladie, les maîtresses ont dû être remplacées par 2 jeunes éducatrices qui se sont montrées très ouvertes et pleines de bonne volonté vis-à-vis d’Elise qui a pu ainsi terminer son année d’école enfantine. Cette intégration, même si elle a été difficile car il a fallu se battre pour qu’Elise puisse rester, a été un succès (si je peux m’exprimer ainsi) du point de vue social. Elise a tout de suite été très bien accueillie par ses copains et ses copines de classe qui se sont montrés très compréhensifs et gentils avec elle. Elle se rendait 2 matins par semaine à l’école enfantine et dès qu’elle arrivait, c’était la vraie star, toutes les filles voulaient s’assoir à côté d’elle !

Suite à cela, l’intégration s’est poursuivie en première primaire où Elise se rendait 2 matins par semaine pour 3 périodes de 45 minutes. La 1ère période, elle était seule avec l’ensemble de la classe et les deux autres, elle bénéficiait de l’appui d’une éducatrice spécialisée. Elise allait aussi un après-midi sans accompagnement en petit groupe, c’est-à-dire la moitié des élèves. Les débuts furent difficiles. Nous avons dû mettre en place des tableaux visuels afin qu’elle comprenne le déroulement de la journée entre les différentes périodes de classe, les sonneries, les récréations…Elle a dû aussi apprendre à rester en place, ne plus se rouler par terre ou parler doucement. Au cours de l’année, les tableaux visuels sont devenus de moins en moins importants. Elise refusait aussi de travailler. Nous avons donc mis en place un système de boîtes (6 en tout) et dans chacune d’elle, une activité à faire. Quand elle avait terminé ses activités, elle avait droit à aller au coin livres ou à faire quelque chose qu’elle avait envie. A la fin de l’année, elle arrivait à faire certaines activités seule et sans râler.
Cette intégration n’aurait pas pu se mettre en place sans une très bonne coopération entre la maîtresse, l’éducatrice et les parents. La maîtresse qui a accueilli Elise en 1ère primaire était vraiment très compréhensive et désireuse de faire tout pour que cela se passe au mieux. Elle a accepté toutes les adaptations que nous avons faites pour Elise, s’est documentée sur l’autisme afin de mieux cerner le handicap et sans elle, cette intégration ne serait sans doute pas aussi bien réussie. Les enfants ont accepté Elise sans aucun souci même si certains ne la connaissaient pas encore.

Cette 1ère année terminée, l’entrée en deuxième fut beaucoup plus facile, Elise ayant acquis l’essentiel des règles et du fonctionnement de l’école. La deuxième primaire a commencé très facilement et nous n’avons pratiquement pas dû faire d’adaptations spéciales. Le gros avantage de la deuxième, c’est qu’Elise restait avec le même groupe, dans la même classe et la même maîtresse, seule son éducatrice a changé et Elise l’a très bien accepté.

Aujourd’hui, Elise sait lire et comprendre ce qu’elle lit. Elle a parfois encore de la peine à aller rechercher des informations dans le texte. En mathématiques, elle connaît tous les calculs jusqu’à 20, compte jusque 100 et commence à faire des additions en colonnes. Elle aborde aussi la soustraction. Par contre, la résolution de problèmes est un domaine dans lequel elle a énormément de peine car elle est encore trop rigide dans certains comportements. Elle a aussi du retard en écriture car elle a des problèmes grapho-moteurs. Pour cela, elle fait des séances d’ergothérapie. Elle fait aussi depuis 2 ans de la thérapie avec le cheval. Elle adore ces séances et elle est aussi beaucoup plus ouverte sur le monde depuis cela.

Pour l’année prochaine, normalement Elise devra être intégrée en 3ème primaire, toujours de façon partielle, à raison de 1 jour et demi voire 2 à l’école normale et 2 jours complets à Clos-Rousseau, son école spéciale.

Voilà, comme on peut le voir, Elise a beaucoup progressé depuis notre dernier témoignage et chaque jour nous apporte son lot de nouveautés et de découvertes sur l’évolution de notre petite Elise.

Ancien témoignage

Nous sommes les parents de deux filles: Maude, 7 ans au mois de mai, et Elise (qui vient d’avoir 5 ans) autiste modérée. En lisant votre témoignage sur le site autisme-neuchatel, cela m’a rappelé notre parcours du combattant afin d’obtenir un diagnostique. Jusque vers 2 ans et demi, nous n’avons pas eu de soupçons car Elise disait déjà des petits mots, elle essayait de chanter « Au clair de la lune » et surtout, sa soeur a parlé tardivement. Vers 3 ans en mars 2003, son comportement devenait de plus en plus difficile à gérer et nous avons consulté notre pédiatre. Il nous a conseillé un bilan pédopsychiatrique, ce que nous avons fait. Le spécialiste consulté nous a affirmé qu’il n’y avait aucun problème et qu’Elise « sortirait de son monde quand elle en aurait envie »!  Mais 2 mois plus tard, après son entrée dans un jardin d’enfants, nous avons décidé de consulter une psychothérapeute car la situation s’aggravait.  Sur ses conseils et avec l’aide de notre pédiatre, nous avons obtenu un rendez-vous au SUPEA (service universitaire de psychiatrie pour enfants et adolescents) du CHUV où Elise a subi le test PEP-R. Afin de compléter le tableau médical, elle a également été vue par une neuropédiatre. Il nous a fallu presque une année de lutte pour obtenir le diagnostique que nous soupçonnions depuis plusieurs mois.  Même s’il est difficile d’accepter la réalité, pouvoir mettre un nom sur les troubles d’Elise nous a permis de mieux accepter la situation. A partir de là, nous avons essayé d’établir un programme pour la rentrée scolaire d’août 2004. Deux matins par semaine, lundi et mardi, elle se rend en taxi à Clos-Rousseau. Mercredi matin  et vendredi matin, elle va à Sorimont à Peseux. Elle a également une séance d’orthophonie par semaine et deux séances de psychothérapie par semaine. Jusqu’en janvier dernier, elles rentrait d’ailleurs dans le même taxi que Maximilien, le lundi matin. Mais depuis début février Elise reste maintenant toute la journée à Clos-Rousseau. J’ai également mis en place deux séances de travail à la maison. Depuis Noël , nous avons moins travaillé car Elise a beaucoup utilisé l’ordinateur et je l’ai emmené plusieurs fois prendre des leçons privées de ski.

Pour l’année prochaine, nous avons demandé à la commission scolaire la possibilité d’intégrer Elise à l’école enfantine de façon partielle. Nous aimerions qu’elle reste deux jours complets à Clos-Rousseau et le reste de la semaine à l’école. Nous attendons des nouvelles de la commission. Depuis la mise en place de ces différentes activités, Elise a fait énormément de progrès tant au niveau du langage, de la communication, de la compréhension des instructions que des crises de colère.

Vous avez aussi des soucis concernant la propreté, c’est également notre cas et si cela peut vous rassurer, cela va faire un an que j’ai enlevé les couches et la propreté n’est pas encore acquise. Au début, je la mettais même toutes les demi-heures à la toilette. Si pour faire pipi, Elise commence depuis environ 1 mois à gérer seule; cela fait seulement 15 jours qu’elle n’a plus fait ses selles dans les culottes. Mais tout ceci, n’a pas été sans de nombreux accidents,  entrecoupés de périodes de régression où Elise recule dans tous les domaines (propreté, obéissance …). Nous avons beaucoup de chance car Elise n’a jamais eu de troubles du sommeil, et elle dort plus de 8 heures par nuit. L’alimentation est plus problématique en particulier avec des nouveaux aliments mais dans l’ensemble, j’arrive à faire un jour sur deux des menus avec des légumes qu’elle mange.

Malgré tous les soucis, Elise est une petite fille adorable, qui fait craquer tout le monde. Elle adore sa soeur qui le lui rend bien et Maude participe beaucoup aux progrès d’Elise en lui apprenant beaucoup de choses. Nous avons également 2 chats, un lapin, des poissons pour qu’Elise soit un peu en contact avec des animaux car elle a facilement peur.

Je sais qu’il est plus aisé de parler de ce que l’on vit tous les jours avec quelqu’un qui partage les mêmes soucis. Nous avons beau avoir un entourage très  compréhensif, il ne partage pas ce que nous vivons quotidiennement. L’arrivée d’un enfant avec un trouble comme l’autisme modifie considérablement la vie de l’ensemble de la famille car tout doit s’organiser autour de l’enfant autiste.

Ann Maillard